2ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 18 février 2010Textes bibliques : Lire
En ce deuxième dimanche du Carême, nous entendons le récit de la Transfiguration selon saint Luc. Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et il va prier sur la montagne. “Pendant qu’il priait, son visage changea d’aspect et ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante”. Ainsi, les disciples découvrent que la prière de Jésus est transfigurante. Voilà une bonne nouvelle pour notre monde si souvent défiguré par la haine, la violence, la rancune, les guerres, la course aux intérêts personnels. Le premier témoignage que nous pouvons lui donner, c’est celui de notre prière. C’est vrai qu’il nous arrive de connaître des moments de grâce et d’illumination dans notre prière. C’est là que nous avons fait le plein d’énergie et de joie. Saint Ignace nous dit que cette joie est un des fruits de l’Esprit Saint tandis que la tristesse et le découragement trahissent la présence de Satan, l’adversaire. Ce contact permanent avec le Seigneur ne peut que nous transformer. Il s’agit pour nous nous d’accueillir l’amour qui est en Dieu pour qu’il rayonne et soit communiqué autour de nous.
Le problème des trois premiers disciples c’est qu’au cours de cette prière de Jésus, ils se sont endormis. Il en sera de même le soir du Jeudi Saint au mont des Oliviers juste avant sa Passion. Il est heureux de voir que les évangélistes n’ont pas cherché à redorer l’image des trois premiers amis de Jésus. Ce sont vraiment des hommes comme nous, avec leurs faiblesses. Nous aussi, nous passons souvent à côté des événements les plus porteurs de sens. Nous pouvons commencer le carême avec les meilleures résolutions. Puis au bout de quelques jours, nous nous endormons dans la routine et les habitudes. Si notre prière est vide, ce n’est pas dû à l’absence ce Dieu. C’est nous qui ne sommes pas présents à lui. Nous avons facilement tendance à nous assoupir et à vivre ce Carême comme les autres jours de l’année. Mais le Seigneur est là ; il veille sur nous et il ne cesse de nous prier pour que nous revenions vers lui de tout notre cœur.
“Deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie apparus dans la gloire.” Nous nous rappelons que ces deux hommes étaient les seuls à avoir eu le privilège de bénéficier des apparitions de Dieu au Sinaï. Au jour de la Transfiguration, ce sont eux qui bénéficient de la manifestation du Fils de Dieu sur la montagne. Ils parlaient avec lui de son départ. Saint Luc emploie le mot “exode”. Ce mot rappelle que Moïse a sorti son peuple de la servitude pour le conduire vers la terre de liberté. Avec Jésus, ce n’est pas seulement un peuple mais l’humanité toute entière qui est conduite vers sa libération définitive. Le Carême est précisément là pour nous inviter à mettre le Christ libérateur au centre de nos vies.
Mais il y aurait danger à vouloir s’installer dans le confort spirituel. Sur la montagne, Pierre se sentait tellement bien qu’il voulait bâtir trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Elie, tout cela sans se préoccuper de ceux qui étaient en bas. C’est pour nous protéger de cette tentation que Jésus ne permet que rarement ce moment de Thabor dans notre vie spirituelle. Oui, bien sûr, cela peut arriver, et dans ce cas, il faut savoir rendre grâce au Seigneur. Mais la vraie prière doit aussi nous amener à redescendre de la montagne pour marcher longuement dans la monotonie des plaines spirituelles.
D’ailleurs, les disciples sont rappelés à l’ordre : “De la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le”. Depuis vingt siècles c’est le même appel qui est adressé aux croyants : Ecoutez-le, faites lui confiance même quand tout va mal dans votre vie. N’oubliez jamais que le mal n’aura pas le dernier mot. C’est vrai qu’il y a tant et tant de choses qui nous attirent ailleurs mais l’appel du Père et toujours présent : Ecoutez-le… Revenez à lui de tout votre cœur. La prière est l’un des chemins qui nous permettront de nous rapprocher de lui. Elle nous permettra de mieux comprendre le projet de Dieu pour qu’il devienne notre projet. Elle nous aidera à changer notre regard sur les personnes et les choses pour adopter celui de Dieu.
Cet évangile est un résumé de toute la Révélation. Nous y voyons Moïse et Elie qui présentent le Christ aux apôtres Pierre, Jacques et Jean. Ces derniers deviendront responsables de l’annonce de la bonne nouvelle. Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes les héritiers de ces apôtres. A leur suite, nous sommes envoyés pour annoncer la résurrection. Cette résurrection, personne ne l’a jamais vue. Mais les apôtres en ont eu la révélation au jour de la Transfiguration et surtout au matin de Pâques. Ce mystère de la Transfiguration est le fondement de notre foi. Le Christ ressuscité nous entraîne tous dans sa gloire.
Nous t’en prions, Seigneur, que ta lumière vienne illuminer nos vies ! Que ta Parole nous rende capables de revenir vers toi de tout notre cœur ! Que ton Esprit nous révèle le sens de toute chose et nous cheminerons vers toi dans l’intelligence de la foi, Dieu fidèle pour les siècles des siècles. Amen
D’après diverses sources
Je reviendrai sur la Transfiguration proprement dite. J’ai déjà rencontré des personnes transfigurées par Dieu. C’est lorsque quelqu’un rayonne sous l’effet de la joie ou de l’amour.
J’ai parfois, mais rarement, ressenti ce grand bonheur.
En tout cas, le visage irradié du Christ ne dit qu’une parole : l’amour du Père déposé au fin fond de notre coeur comme la source de notre propre transfiguration. Depuis, Jésus est désormais parmi nous la parole et la présence même de Dieu.
En tout cas, Jésus est aussi Fils de Dieu et Sauveur. Aussi, je demande la grâce au Seigneur de l’aimer pour ce qu’il est et de le remercier de nous révéler son identité.
Seigneur, que mes actes et pensées transfigurent mon être !
Christiane
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». La prière et l’écoute de la Parole de Dieu, surtout pendant l’eucharistie, quand elles sont authentique rencontre de Dieu, transfigurent notre existence.
Il y a dans la Transfiguration de Jésus, une révélation de qui il est et de ce qu’il est appelé à être. Qui est-il ? Il est le Fils, le Bien-aimé, l’Unique tout simplement. Et qu’est-il appelé à être ? Il est appelé à l’Exode, c’est-à-dire à un passage, celui de la Pâque. C’est de cela qu’il parle avec Moïse et Elie, sur la haute montagne, en pleine lumière. Il est appelé à la Gloire, par la Croix, pour nous. La Transfiguration est la manifestation de la personne de Jésus et du sens profond, unique, personnel et universel de sa vie.
Nous sommes appelés nous aussi à participer à ce mystère de la Transfiguration. A Pâques, il a réussi, il a gagné. Sa victoire est éternellement la nôtre.
Nous participons à cette transfiguration, en suivant le même chemin. D’abord en prenant une véritable conscience renouvelée de ce qui est vivant, de ce qui seul est essentiel. Et ensuite, par une prière qui soit un contact réel avec le Dieu de vie. Notre prière, si elle veut être authentiquement chrétienne, participante donc de la prière filiale du Christ, doit être imprégnée du mystère de la Transfiguration. Elle doit être révélation de notre dignité d’enfant de Dieu pour l’éternité. Dans un moment de découragement total, devant l’évidence d’un échec définitif, Moïse a fait au Seigneur cette prière : « Efface-moi, de grâce, du Livre que tu as écrit » (Exode 32, 32). Nous voulons nous aussi parfois disparaître pour de bon, être oublié, retourner au néant : « Faites comme si je n’avais jamais existé ». La réponse du mystère de la Transfiguration, c’est justement Dieu qui nous dit : « tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Isaïe 43, 4).
La réponse de Dieu, c’est celle qu’il apporte en acte à Abram plongé dans un profond sommeil, en passant seul telle « une torche enflammée entre les quartiers d’animaux » (Genèse 15,17 – 2e lecture). Ceux qui voulaient sceller solennellement un accord tuaient un animal, le séparaient en deux et passaient au milieu. Si l’un ou l’autre des contractants venait à rompre le serment ainsi juré, il acceptait d’avance de subir le sort de la victime. Ici, c’est que seuls les symboles de la présence divine passent ainsi entre les quartiers d’animaux. Et non pas Abram ; rien ne lui est demandé sinon de croire. Croire : c’est dans ce sens qu’il faut entendre aussi le mot de saint Paul dans la 2e lecture : « Frères, prenez-moi tous pour modèle », non pas parce que c’est lui, Paul, mais parce qu’il croit de tout son être au « Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Phillipiens 3, 21)
Nous sommes nous aussi appelés à dévoiler ce que nous sommes et ce que nous sommes appelés à être : des fils dans le Fils. Nous avons du prix aux yeux du Père. Nous existons réellement, nous comptons vraiment pour lui. Nous sommes nous aussi appelés à faire le passage, à percer la nuée obscure de nos illusions et nos duplicités pour que brille la pure lumière de la vérité profonde de notre être de baptisé.
Avec l’aimable autorisation de Kerit.be
Un seul chemin !
Nous sommes donc entrés en Carême. Un chemin à parcourir : chemin de vie, de vérité et d’amour ; chemin à suivre avec Jésus Christ, notre Sauveur et notre Dieu.
Avec l’événement de sa Transfiguration rapportée ce jour dans l’Evangile (Luc 9, 28b-36) l’itinéraire est précisé, éclairé également avec les autres textes de la Parole de Dieu.
Jésus est dans la plaine … avec toute l’humanité qu’il est venu sauver. Il s’élève « sur la montagne » … la montagne de Dieu, du Père. Au sommet ? Le Royaume des Cieux.
Quel Dieu ? L’Unique ! Le Créateur de l’Univers dans sa totalité : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux … vois quelle descendance tu auras » dit le Seigneur à Abraham. Il l’a fait sortir d’Our en Chaldée pour posséder « ce pays », celui où coulent « le lait et le miel ».
Jésus est monté « pour prier ». Il signale ainsi l’importance de la prière, d’une relation avec Dieu. Qu’en est-il dans notre vie ? Relation de paroles ou celle du cœur à cœur ? – « Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? l’homme au cœur pur, aux mains innocentes » (Psaume 23)
Jésus a pris avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, le bien aimé, seul apôtre présent à la croix. Tous représentent l’Eglise en ses apôtres chargés de la conduite en son nom. Cette montée est ardue, non sans difficultés, pleine d’embûches. Existent des sommets proches, faciles à gravir aux larges chemins. Ce sont ceux des tentations, des faux dieux, des idoles, de faux amours, des plaisirs charnels, de la domination, de l’orgueil et, les pénétrant tous plus ou moins, celui de l’argent comme source du bonheur.
Il faut choisir son chemin. Un seul est celui de Dieu, de la paix, la joie, la liberté, la vérité et la vie. « La joie du Seigneur est notre rempart ».
« Prenez-moi tous comme modèle » dira St Paul. Il sait que « beaucoup vivent en ennemis de la croix du Christ », recherchant vie heureuse uniquement dans les biens de consommation. Ils « ne tendent que vers les choses de la terre ». Rappel que « nous sommes citoyens des cieux » et que le Christ « transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ».
Sur la montagne Jésus est soudain transfiguré : « visage tout autre, vêtements d’une blancheur éclatante », « si blancs qu’aucun foulon sur terre ne saurait blanchir ainsi »(cf ; St Marc). Avec Jésus, « deux hommes, Moïse et Elie, s’entretenant avec lui ». Ils symbolisent « la Loi et les Prophètes » de l’Ancien Testament que Jésus est venu non altérer mais perfectionner pour le salut du genre humain.
Si le Psaume nous a fait chanter : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut », en même temps il nous rassure : « devant qui tremblerais-je ? » Il prend acte de notre faiblesse et de notre état de pécheur : « pitié, réponds-moi ». Il est aussi un cri vers Dieu : « ne me cache pas ta face ». La voilà, dans sa gloire future, révélée au sommet de la haute montagne. Confiance et espérance : « je verrai la bonté du Seigneur sur la terre des vivants ».
Oui, c’est au Royaume de l’Amour que nous conduit le chemin avec Jésus. Avec St Jean tout particulièrement il révèle que tout homme l’emprunte dès qu’il commence à aimer vraiment.
Ils sont sur ce chemin ceux qui aiment sans croire pour l’instant. Ils avancent ceux et celles qui, à la suite d’Abraham, donnent leur foi au Dieu Unique. Ils atteignent un stade plus élevé les juifs, peuple de Dieu avec promesse du Messie Sauveur. Chrétiens, avec le Christ Jésus, nous savons qu’il est envoyé pour conduire l’humanité entière au Père … pour les siècles des siècles !
« Tenez bon dans le Seigneur » nous dit St Paul. Ne dressons pas nos tentes sur cette terre. Inutile de bâtir des tours toujours plus hautes. « De la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». En cette « année sacerdotale » les prêtres ont mission d’inviter à la conversion et de transmettre l’Evangile, avec tous leurs frères et sœurs dans la foi.
Marie, notre mère du ciel, dans son amour pour tous, nous invite à la confiance ! Prions-la !